Bâtisseurs de l’Ancien Monde, épisode III

Le brasier continue !

ÉPISODE III

 

Alors, on en était à… ?

Ah, oui. On en était aux gros plans d’Erik Gonthier, en train d’inspecter des blocs de pierre spéciaux « tropbientaillétavu® ». Et à l’autojustification de Sylvie, qui se plaignait qu’on les accuse tout de suite d’invoquer des martiens pour expliquer tous les « c’est incroyable ! », les « c’est renversant ! » et autres « Olala, c’est très très la technologie antisismique ! » qu’ils énoncent alors que, franchement, rhôôôô, allez ma bonne dame, m’enfin, pensez donc.

Ahem.

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29:13 « Je conseille à Erik d’attendre un peu avant de se prononcer ».

Faudrait savoir, c’est lui ou toi, l’expert ? Pourquoi tu l’invite si c’est pour lui filer des conseils ?

Ha ha ha, nan j’déconne Sylvie, t’es pas experte en architecture précolombienne, et ce qui est marrant, eh ben c’est que, lui non plus.

Voyez-vous, à force d’entendre ce mec débiter des conneries de la taille de Jupiter devant la caméra, j’ai décidé de fouiner un peu à son sujet, parce que d’entendre un « préhistorien » affirmer sans rigoler que rien ne resterait de notre civilisation passé quelques millénaires, moi, ça me met la puce à l’oreille.

Et rétrospectivement, j’aurais dû me pencher sur la question bien avant ça d’ailleurs. Suite à quelques secondes de recherche sur la Toile, voilà ce que l’on trouve :

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Alors, à moins qu’il ne se soit produit un miracle/complot/conspiration (rayez la mention inutile) qui aurait dissimulé ou trafiqué son véritable C.V., Erik Gonthier est donc titulaire de deux C.A.P de bijouterie-joaillerie, d’un D.E.A (équivalent aujourd’hui à un master) et d’une thèse de muséologie, ainsi que d’un diplôme d’ « étude du matériel lithique des papous indonésiens ».

C’est certes un gros tas de diplômes, certainement plus que toute l’équipe de BAM réunie d’ailleurs, sauf qu’aucun de ces titres ne concerne l’archéologie. Ce mec a une formation de muséologue et de bijoutier ! Rappelez-moi comment on nous le présente dans le film ?

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Sylvie et Pouillard nous font donc visiblement une « Mallku Aribalo » : non, Erik Gonthier n’est ni préhistorien, ni géologue, et même pas sémiologiste à proprement parler d’ailleurs puisque sa contribution dans ce domaine s’arrête à deux masters qu’il a dirigé dans les années 2000. Quant à l’ethnominéralogiste, c’est le seul et unique titre exact qu’on lui donne, et même ça c’est bien maigre vu que ça ne concerne que le travail qu’il a réalisé sur le matériel lithique des papous indonésien. Certainement fort bien exécuté, mais ça n’est pas comme s’il était un expert de la taille de la pierre égyptienne ou précolombienne.

C’est con, hein ? C’était l’expert le plus probant que vous ayez sous la main. Vraiment, j’aurais même dû vérifier ça dès l’instant où j’ai commencé à débunker LRDP l’année passée. Bref, ça explique pas mal de choses concernant les idioties qu’il raconte, et qu’on essaie de faire passer pour vrai à grands coups d’arguments d’autorité dans les gencives du spectateur non averti, puisque c’est un « préhistorien et géologue » qui l’a dit !

Précisons enfin que son rapprochement avec l’équipe derrière LRDP lui a valu d’être très critiqué par l’ensemble de la profession et ses propres collègues ; et qu’il a été impliqué dans un scandale en 2014, quand les artefacts lithiques sur lesquels il bosse ont servi à un concert au cours duquel lui et d’autres « spécialistes » à la déontologie consternante se sont mis à cogner dessus pour faire de la musique.

Oui je sais, inutile de donner des coups de pieds dans un cadavre encore chaud mais que voulez-vous, l’odeur de la viande grillée ça m’excite.

Bon, revenons au film. On a donc Erik le-pas-archéologue qui joue au touriste devant les grosses pierres de Tiahuanaco, et donc ?

29:37 « …on va essayer de trouver l’endroit qui a été poli sciemment  par l’homme. Sachant que, il y a des petites dépressions, qui… »

Hopopop, de quoi ? L’endroit qui a été poli sciemment par l’homme ? LE endroit, au singulier ? Qu’est-ce qui prouve que le reste ne l’a pas été ? Pourquoi un endroit et pas l’autre ?

 

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< Maldità ! Jefe, si vous pinaillez sur des détails comme ça, vous allez terminer ce débunkage en 2050 !

 

 

EH BIEN COMME CA J’ENCHAÎNERAI SUR LRDP 2 !

 

Non, sans rire, il n’y a que moi que ça dérange de partir d’une idée préconçue pour en chercher les preuves ensuite ? A moins qu’ils n’aient dit ça sans faire attention au choix des mots, auquel cas c’est bien malheureux, mais ceux qui sont habitués aux débunks de La Révélation des Pyramides savent quelle importance ces rigolos accordent à la relecture. Ici, ils ne cherchent pas à savoir si les blocs de pierre qu’ils ont sous les yeux ont été façonnés par la main humaine ou par l’action de la machine ; non, ils veulent savoir quel endroit visiblement minoritaire a été taillé par un artisan et pas par un engin magique dont ils ont le secret.

29:47 « … les premières mesures donneront des résultats plus qu’acceptables sur des blocs pris au hasard… »

Acceptables ?

Et c’est quoi la définition de « acceptable » ?! L’assertion c’est chouette, le détail c’est mieux ! Comment voulez-vous qu’on comprenne ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas si vous ne montrez ni même mentionnez aucune échelle de valeurs ?

« … puis à mesure qu’on choisit les blocs, essayant d’en trouver en meilleur état que d’autres, les chiffres se précisent »

Alors non.

Sylvie, si tu faisais les choses correctement au lieu de faire de la merde avec ton rugosimètre à 2 200 balles (et c’est même pas une blague), tu composerais ta base de données avec l’ENSEMBLE des blocs, et pas seulement avec des morceaux choisis !

Là ce que vous faites c’est orienter à l’avance vos résultats puisque vous choisissez à l’avance certains blocs et pas d’autre, et en fonction de critères ultra flous par-dessus le marché : « ceux en meilleur état ».

Ils arrivent alors sur « le bloc que je guette depuis le matin ». Oui, ils sont censés arriver ici pour la première fois et avoir visiblement besoin de leur bullshitomètre pour mesurer la rugosité de la surface mais, apparemment, Sylvie avait déjà SON bloc prévu à l’avance. Passons.

30:06 « 31 653  […] d’écart entre le point le plus haut et le point le plus bas de la surface »

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C’est.

Complétement.

Con.

Primo, vous ne définissez toujours pas ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas : pourquoi vos 31,653 seraient plus acceptable que 72 ou 180 ? Pourquoi on ne jugerait pas la surface « acceptable » à partir de zéro différence, tout simplement ? Si les Anciens Bâtisseurs® sont passés par là pour construire un mur d’enceinte à leur temple et que, d’après les mérites que vous leurs attribuez, ils sont si fortiches, c’est pourtant la valeur qu’ils devraient viser ! Elle est où, votre échelle de valeurs ?

Deuzio, vous obtenez cette mesure sur UN bloc, UN SEUL ET UNIQUE bloc sur tous ceux que comporte le site, et vous grimpez au rideau à partir de ça ? D’après le titre de ce film, votre conclusion pré-établie c’est que les zanciensbâtisseurs et leur fantastique ménagerie ont précédé l’Homme moderne sur la Terre, du coup ça veut dire que vous suggérez l’utilisation d’une machine (machine qui reste totalement hypothétique évidemment mais enfin, on en est plus là, hein), mais une machine qui n’aurait été utilisé que sur UN SEUL caillou ?! C’est complètement con ! Ca ne pourrait avoir un début d’ombre de sens que si TOUS les blocs présentaient la même rugosité ! Et comment vous pourriez savoir ça alors que vous n’obtenez cette mesure qu’une seule fois?

Et tertio, vous faites vos mesures n’importe comment ! Visiblement la thèse de Gonthier n’avait pas d’option de rugosimétrie, parce que ce qu’il fait là, c’est mesurer la rugosité d’une surface de quelques millimètres seulement et pas de tout le bloc ! Alors qu’est-ce que c’est censé prouver ?
Si encore vous preniez plusieurs mesures en divers points, là, oui ça pourrait être le début de quelque chose (encore que, en fait non puisque le précédent problème est toujours là : un seul et unique bloc ne peut pas être concluant) ! Là encore, votre corpus de données est totalement faussé et ne représente rien.

C’est aussi idiot que de prétendre que la température moyenne de l’océan Atlantique est à 25° parce que c’est la mesure que vous obtenez en trempant votre thermomètre juste à l’endroit où vous venez de pisser !

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Et vas-y que je te sors les violons et les grands orgues pour claironner que ce caillou est « dix fois plus plane qu’un béton lisse moderne ! », alors que non, ce que vous avez fait c’est mesurer la rugosité d’une surface de quelques millimètres carrés sur UN bloc dans TOUT le site !

Mais c’est pas fini ! Encore deux autres erreurs : d’abord, vous confondez la rugosité, qui consiste à prendre la mesure de l’écart entre le point bas d’une cavité et celle du point haut sur une aspérité, sur une surface minuscule (c’est à ça que sert un rugosimètre), et la planéité d’une surface, qualité qui ne peut se caractériser qu’en prenant l’altitude d’une multitude de point sur l’intégralité de la surface ! La différence se situe dans les ordres de grandeur qu’on utilise pour les deux et plus simplement, vous utilisez un rugosimètre pour parler de planéité, CA N’A AUCUN SENS§§§

Et enfin, vous prenez la mesure de la rugosité, qui, comme je viens de le dire, consiste à mesurer la différence entre deux niveaux à une échelle minuscule, alors que vous précisez-vous-mêmes avant de faire tout ce cirque que l’andésite est une roche constellée de cavités justement, laissées par les bulles de gaz au moment de la formation géologique de la pierre !

PAS UNE SEULE FOIS il ne vous traverse l’esprit que ça risque de fausser un tantinet vos mesures ?!

00:30:38 « Ce qu’avait déjà remarqué Christopher Dunn, un ingénieur de l’aviation qui a bâti sa carrière sur la précision »

Aaaaah, le coup du spécialiste en carton, ça faisait longtemps hein ? Non, en fait ça fait même pas dix minutes.

Vous vous souvenez de Christopher Dunn ?

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(La règle, cette technologie du turfu 3.0 totalement pas obtenable sans tachéomètre au plutonium)

C’est un ingénieur anglo-américain, qui bosse dans l’aérospatiale, titulaire d’une carrière respectable. Il aurait lu en 1977 le bouquin de Peter Tompkins, « Secrets of the Great Pyramids », en gros un genre de best-of avant l’heure de ce que Jacques Grimault pourrait sortir de plus idiot au sujet de la pyramide de Khéops avec deux-trois verres dans le pif.

Ça lui a beaucoup plu et depuis, il s’est mis en tête, lui aussi, d’être un chercheur indépendant avec ce que ça implique, à savoir inventer des explications à la con dès qu’il croise le moindre bout de pierre correctement taillée. Évidemment, ce type n’a strictement aucune compétence pour parler de la pyramide ni d’égyptologie en général d’ailleurs, vu qu’il n’a apparemment jamais fait de fouilles archéologiques.

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Eh ouais ma gueule, KESTUVAFAIRE

Mais dans le merveilleux petit monde des pyramidiots, être ingénieur vous permet d’être automatiquement un spécialiste d’absolument n’importe quoi, et comme Dunn est totalement dans la même veine que Pouillard & compagnie, c’était le candidat rêvé pour y intervenir.

A l’époque de LRDP, c’était donc un des pseudo-spécialistes intervenant dans le premier film. Ils l’avaient filmé à son bureau histoire de faire plus, heu… « spécialiste », quoi, et se résumait à un énorme argument d’autorité à deux balles dans une chemise bleue. Outre un énorme mensonge sur l’outillage des ouvriers égyptiens, il s’est surtout distingué pour ce qu’il appelait une « étude photogrammétrique » sur les sculptures égyptiennes et qui s’est révélé n’être qu’un foutu calque Photoshop retourné sur lui-même et pas une vraie photogrammétrie (et faux en plus, parce qu’en fin de compte les visages en question ne sont absolument pas symétriques).

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Huit ans ont passé, et en huit piges sa majesté le spécialiste en spécialités spécialisées a changé de chemise mais n’a, visiblement, toujours pas ouvert ne serait-ce qu’une seule page web consacrée à l’archéologie, comme vous allez le voir tout du long de ses interventions dans BAM auquel nous revenons séance tenante. Pour sa première apparition donc, Sylvie l’invoque pour dire que Christopher-le-archéologue-non-plus avait remarqué l’étonnante rugosité du bloc de Tiwanaku.

« Un ingénieur de l’aviation qui a bâti sa carrière sur la précision »

Il n’y a qu’un truc qui me gêne dans cette phrase, c’est cet exaspérant argument d’autorité. “bâtir sa carrière sur la précision” ne veut rien dire, ensuite ce mec n’a aucune compétence en matière d’archéologie (et encore moins en matière d’expérimentale), comme je le disais plus haut. Donc à partir de là, lui attribuer une vocation de précision ne sert ici qu’à justifier sa présence.

Et qu’est-ce qu’il dit ensuite, Christopher Dunn ?

« Dans une chambre d’hôtel, on avait une table en verre. L’écart de planéité de cette table était de 3,6 microns. On est partis pour Puma Punku avec cet outil, c’était 50 microns d’écart ! »

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Euh… vous pouvez me dire en quoi cette anecdote moisie est censée justifier votre propos ? Il est en train de dire que le caillou sur lequel il a promené son engin était presque 14 fois moins plan que la table en verre de son hôtel, en quoi ça va dans votre sens ?!

A 31:40, la brochette de zouaves interroge donc un archéologue local, visiblement inconscient des gugusses qu’il a en face de lui.

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Il leur parle des matériaux utilisés par les ouvriers précolombiens pour bâtir la cité, notamment du grés et basalte noir, et surtout de leur provenance. Et devinez quoi ?

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« 300 km à vol d’oiseau ! Transporter des roches de plusieurs tonnes à une telle distance n’a pas l’air de surprendre tant que ça ! »

Sauf que ce qu’ils « oublient » de préciser, c’est que seul le basalte vient de là-bas, et ça ne constitue que 10%, au mieux, des pierres constituant le site ! Tout le reste est construit en grès, qui est extrait d’un site à moins de dix kilomètres ! Donc non, effectivement ça ne surprend personne parce que vous êtes les SEULS à prendre les précolombiens pour des andouilles amateurs de performances physiques inutiles!

D’ailleurs, je dis que seul le basalte vient de là-bas, mais en réalité on ne le sait pas avec précision. Contrairement à ce que BAM veut vous faire croire, le site de Tiwanaku a été découvert, exploré et étudié depuis très longtemps maintenant, et de nombreux chercheurs (les vrais je veux dire) se sont penchés sur la question de l’architecture andine précolombienne et de la provenance des matériaux utilisés. Comme c’est précisé dans cette synthèse, on ne connaît pas exactement le site (ou les sites) d’extraction des roches ayant servi à bâtir la cité, mais il y a de très fortes présomptions. D’abord, il n’y a pas de carrière de pierre à proprement parler : pour autant qu’on sache le grès rouge n’a pas été extrait à la force du bras dans une carrière (ou très peu), il a plutôt été ramassé pratiquement tel quel, sous la forme de blocs de pierre fracturées qui jalonnent les pentes du massif du Kimsachata, la chaîne de montagnes qui court du nord-ouest au sud-est de la région.

Au début des années 1970, une série de travaux comprenant des analyses géochimiques, de la pétrographie lithique et des analyses aux rayons X par Salinas, Barrau et Echazu (1971) sont parvenus à la conclusion que la majorité des pierres constituant ainsi le complexe de Puma Punku viennent de cet endroit situé non loin au sud, et plus précisément des sites de Kausani et Cerro Muiundani.

Pour ce qui est du basalte, roche volcanique, diverses sources ont été proposées. Et pour commencer, nul besoin de se taper 300 bornes à dos de lama, puisque les travaux de pétrographie de l’archéologue allemand Max Uhle ont, en 1984, révélé que les roches volcaniques en question affleurent juste à côté de Tiwanaku, au pied du mont Ccapia, sur la rive occidentale du lac Winaymarka, qui est en fait le bassin inférieur du lac Titicaca.

Les travaux du français George Courty, en 1907, avaient conclu qu’il y a également pas mal de correspondances entre les roches que l’on trouve sur le site de Tiwanaku et les affleurements de basalte situés sur la péninsule de Huata, au nord du lac.

Les précolombiens n’étant pas plus bêtes que les égyptiens, ils ont selon toute probabilité appliqué la solution la plus pratique, rapide et économe pour acheminer les pierres du site d’extraction jusqu’à Tiwanaku, c’est-à-dire le transport par bateau au moyen de barges. Des travaux d’archéologie expérimentale ont proposé en 2006 plusieurs hypothèses pour la construction de totoras :

Des embarcations typiques des Andes, conçues pour la navigation sur les fleuves et les lacs andins et qui, si elles sont correctement construites en grandes dimensions, permettent contre toute attente de transporter des charges pourtant très lourdes.

Les études sur l’origine du basalte de Tiwanaku ont cependant été prolongées jusque dans les années 1970 et il est apparu que s’il présente de grandes similitudes avec les affleurements rocheux trouvables autour du lac, il y a pourtant de grandes chances pour que la pierre en question vienne de plusieurs endroits dans la région, comme les gisements de Tiquina, situé eux aussi sur le lac.

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Je n’ai pas la place ici pour vous en faire tout un exposé, mais ce qu’il faut donc savoir c’est que plusieurs sites et méthodes de transports ont été proposées. D’ailleurs, on a même retrouvé dans la campagne des blocs abandonnés en cours de route :

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… et tout ça se situe systématiquement dans un rayon inférieur à 80 kilomètres. Du coup, je ne comprends pas pourquoi le type qu’ils interrogent leur parle de 300 kilomètres, d’autant que ni lui et encore moins l’équipe de BAM ne donne de nom ! 300 kilomètres depuis quel point ?

Elle aboutit où, votre ligne, là ?

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Il n’y a rien de particulier à l’endroit où elle finit, au pied d’un autre cerro. Difficile de faire plus flou que ça et comme ils ignorent le concept même de bibliographie, on est donc forcés de les croire sur parole ; en fait il est beaucoup plus probable que cette ligne rouge à l’écran ne serve qu’à des fins d’illustrations (ils auraient pu l’orienter plus vers la droite, ou n’importe où) et qu’ils détournent les propos tenus par l’archéologue en question. Je précise que je n’en ai pas la preuve formelle ; mais ça expliquerait pourquoi ils balancent ça de manière aussi floue et en plus, ça ne serait pas la première fois qu’ils le font : rappelez-vous de ce qu’ils ont fait dire à Jean-Pierre Adam ou Ieoh Ming Pei dans La Révélation des Pyramides en ne montrant que des morceaux choisis de leurs interviews pour détourner ce qu’ils étaient en train de raconter.

Bon, passons à la suite ! Ils filent faire un tour aux célèbres lignes de Nazca ! Blablabla, c’est un peuple très ancien dont l’émergence remonte à un peu plus de 23 siècles, et on a droit à quelques plans aériens des géoglyphes et des lignes tracés dans le désert.

En soi, trois fois rien sur ce site qui puisse exciter l’imagination de nos chercheurs, eh bien c’est mal les connaître ! Parce que :

32 :43 « Certains n’ont même pas hésité à affirmer dans le passé qu’il s’agirait de pistes d’atterrissage pour vaisseaux extraterrestres. Comment imaginer sérieusement qu’un peuple capable de traverser l’univers puisse avoir besoin d’une piste d’atterrissage tracées sur le sol pour se poser, comme un avion bien de chez nous »

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32:50 « … ça apparaît aussi stupide que l’hypothèse de motifs à destination de dieux pour leur demander de l’eau, rare dans la région, car ce serait vraiment prendre les anciens pour des imbéciles. A cette époque on avait probablement mieux à faire que de perdre du temps dans une région aride où rien ne pousse. Là encore on ne sait rien »

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Je l’aurais parié !

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Réfléchir par l’absurde, c’est votre seul et unique moyen de propager vos mensonges ?! En prenant un exemple aussi idiot, on peut justifier absolument n’importe quoi bordel !

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Et NON, la notion de conviction religieuse n’a RIEN de stupide ! C’est vous qui les prenez pour des imbéciles en niant de manière aussi gratuite toute leur spiritualité ! En plus, en quoi est-ce idiot d’implorer l’aide des dieux quand c’est plus ou moins votre seul recours ?!

Remarquez, ça non plus ça n’est pas une première, puisqu’ils nous avaient déjà gratifiés de ce raisonnement consternant dans LRDP, quand ils se plaignaient de l’explication cultuelle, soi-disant donnée systématiquement à tout ce que l’archéologie « ne peut pas expliquer ».

Et je suppose que je ne vais pas vous filer une syncope de surprise en vous disant que « là encore on ne sait rien » est un énième mensonge éhonté ? Sergio, dégaine la biblio ?

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– Si, jefe ! Alors, j’ai trouvé ça, et ça, et ça, et ça, et ça!

 

Mais gardons le rythme, Sylvie est en forme et le générateur à stupidités mensongère va bon train. C’est qu’il s’agit de réutiliser les classiques :

33:41 « …ses immenses motifs géométriques et lignes. Abstrait et décalé pour un peuple ne disposant apparemment que de technologies primitives, comme c’est le cas également avec les blocs en forme de H de Puma Punku… »

La « technologie primitive » qui se résume à un caillou, on était déjà habitués à ce mensonge dès la première heure de LRDP.

Qu’est-ce qu’est censé signifier “technologies primitives”, au juste ? Ce terme ne veut rien dire et relève du mensonge (évidemment) mais surtout du jugement complètement gratuit.

Ça n’a rien de décalé, la taille de la pierre, sa sculpture et son polissage ne posent aucun problème à un artisan avec des outils manuels : c’est le même mensonge qu’on nous ressert en boucle depuis le début de LRDP en espérant qu’il finira par rentrer ?

34:04 « on sait aujourd’hui pas avec certitude le pourquoi et le comment de toutes ces réalisations. Mais on constate qu’elles sont souvent exécutées dans des lieux inaccessibles dans le désert, en haut de collines ou à flanc de montagne très en pente. Qu’il semble y avoir chaque fois au moins deux époques et deux styles différents et que cette époque plus ancienne paraît avoir un goût prononcé pour les formes géométriques abstraites »

AAAAAAAH, mais fermez-là deux minutes ! Ça part dans tous les sens votre truc, je ne sais même pas par quoi commencer tellement ça suinte de bêtise et de mensonges à chaque phrase !

 

Bon alors, un point rapide sur les lignes de Nazca. Ce sont d’immenses, gigantesques géoglyphes, qu’on trouve dans le désert du même nom au sud du Pérou. Il y en a 800 et elles ont été aperçues dès le début du XVIe siècle, puis redécouvertes au cours du XXe avec l’apparition de l’aviation. Ces dessins sont tracés à même le sol, dans une région qui présente la particularité d’être presque totalement dépourvue de précipitations et de végétation. A cet endroit, le sol est aussi recouvert de gypse, un minéral particulièrement friable qui adhère bien au sol. Ces conditions météorologiques locales très particulières sont l’unique raison pour laquelle les géoglyphes existent encore de nos jours, car le sol ne change ainsi que très peu et ne connaît pratiquement pas de perturbations.

Les géoglyphes de Nazca représentent des animaux, des plantes et également des formes géométriques plus ou moins abstraites. Elles sont l’œuvre de la culture de Nazca, qu’on connaît très bien contrairement à ce qu’essaie de vous faire croire l’autre gourdasse, et qui s’est éteinte vers le VIIe siècle de notre ère. Ces géoglyphes n’ont rien de spectaculaire d’un point de vue architectural, ce ne sont « que » des dessins tracés a même le sol. Mais ils sont quand même devenus très célèbres, en particulier grâce à toutes les théories fumeuses qu’on a monté, en grande partie avec l’ufologie, pour expliquer leur intérêt !

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En soi, la réalisation de ces dessins n’a rien de difficile : la découverte de nombreux pieux de bois conservés par le manque d’humidité permet de déduire que les Nazcas ont procédé avec un carroyage tout bête pour tracer leurs dessins, avant de l’imprimer dans le sol en déblayant sur l’ensemble des lignes ainsi délimitées les monceaux de pierres de petites tailles qui jonchent le sol, et en les évacuants sur des couffins d’osier. On trouve également une grande quantité de tessons de céramiques dans les tas de déblais formant ces lignes.

En clair, tout ce que ça demande pour tracer un tel dessin, c’est un cordeau constitué d’une ficelle et de deux bouts de bois, et d’un panier ! C’est ça votre technologie révolutionnaire si avancée qu’elle était inaccessible aux précolombiens ?!

Ensuite, en quoi est-ce dérangeant qu’un peuple aussi ancien aie parfois préféré tracer des motifs géométriques abstraits ? Dans votre conception étroite et bornée du monde, on a découvert le concept d’abstraction qu’a l’arrivée de Kandinsky ?! C’est complètement débile ! Non, plus simple : c’est quoi votre définition d’abstrait ? Non parce que comme vous ignorez visiblement tout de la manière de vivre des peuples précolombiens et de leur conception du monde, là ça relève encore une fois du jugement de pilier de bistrot.

La vérité, c’est que ces formes géométriques apparemment abstraites sont plus vraisemblablement des chemins processionnels utilisés par les Nazcas dans le cadre de leurs rituels. La représentation des animaux qui se retrouvent très souvent ailleurs dans l’imagerie de leur mythologie, sur les poteries ou les sculptures par exemple, laisse à penser que ces dessins étaient conçus pour les dieux, raison pour laquelle eux seuls pouvaient les apercevoir depuis le ciel. La découverte d’un très grand nombre de fragments de poteries analogues à ceux que l’on retrouve dans les inhumations précolombiennes, et notamment dans les cairns ; va également dans ce sens. Vous pouvez en lire plus à ce sujet ici.

Enfin, il est à noter que comme pour beaucoup de peuples de cette période de l’Histoire, le quotidien était empreint de mysticisme. C’est une chose plus difficile à comprendre pour nous, humains du XXIe qui vivons à une ère où le matérialisme prime sur tout et où l’on fait une séparation très stricte entre la croyance et la vie de tous les jours (encore que, il y en a qui croient aux horoscopes, ce qui fonctionne pourtant selon le même principe) ; mais c’est une constante pour beaucoup de peuples d’alors, quel que soit le continent. Ce que je veux dire par là, c’est que tout ce que nous connaissons des civilisations américaines, autant par l’histoire que par l’archéologie et les vestiges matériels qu’elle découvre, nous conduit à penser que la vie de tous les jours était intimement liée, dans leur façon de penser, au bon vouloir des dieux et des esprits. Raison pour laquelle il existe également une autre hypothèse, basée sur les travaux de l’archéologue Samuel K.Lothrop, qui a relevé une similitude entre les motifs géométriques de Nazca et ceux des étoffes découvertes dans les tombes de Paracas Necropolis. On y retrouve les mêmes symboles et les mêmes thèmes décoratifs ; et plus généralement les défunts étaient enterrés avec une quantité faramineuse de vêtements et d’étoffes diverses. Cette profusion textile laisse à penser que l’artisanat du tissage était particulièrement important dans ces cultures et donc, qu’il est plausible que certains des géoglyphes de Nazca aient pour vocation d’attirer les faveurs des dieux sur les artisans.

Mais Sylvie, elle s’en fout ! Elle, tout ce qu’elle voit, c’est un tas de lignes moches tracées dans un désert poussiéreux et donc, comme les Nazcas se foutaient complètement de toute notion de spiritualité, bah, ANCIENS BÂTISSEURS§§§§

Avouez, c’est plus court et plus simple de réfléchir comme ça ! Et pour parachever le tout, la fine équipe martèle son message idiot en décrétant que par endroits les géoglyphes se recouvrent les uns les autres, et donc qu’il y a là aussi deux époques distinctes !

« Qu’il semble y avoir chaque fois au moins deux époques et deux styles différents et que cette époque plus ancienne paraît avoir un goût prononcé pour les formes géométriques abstraites »

Vous vous rappelez la fixette qu’ils faisaient tout à l’heure sur les murs incas, et leur idée débile selon laquelle les précolombiens n’avaient fait que rafistoler peu et mal d’énormes murs en grosses pierres larges construites par une-civilisation-bien-plus-avancée-clin-d’œil-clin-d’œil ?

Eh ben, c’est exactement ce qu’ils disent ici aussi ! Et ça serait presque probable, s’ils n’empilaient pas pêle-mêle trois civilisations qui n’ont strictement rien a voir, ni dans leurs groupes ethniques, leurs localisations géographiques (a moins de prendre l’échelle de la moitié du continent), la fonction des bâtiments concernés et encore moins leurs datations, puisque pour mémoire le dernier descendants des Nazcas était déjà clamsé depuis facilement 600 ans lorsque les premiers Incas ont fondé leur empire !

Et je n’ai pas besoin de rappeler encore une fois qu’ils n’ont absolument aucune preuve de leurs anciens bâtisseurs, ni de la différence si grande qui existerait entre leurs deux époques ? Bah, pas grave, leur crédibilité est déjà en orbite depuis LRDP.

C’est pas tout ça, mais on a un Ulule à rentabiliser ! Ils repartent pour visiter un dernier site avant de changer de continent, en enchaînant quelques plans supplémentaires au drones au passage, histoire de montrer la bagnole qu’ils ont louée pour leurs vacances :

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« Alors parfois je fonctionne à l’intuition »

Ils accèdent donc au site de :

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… au terme d’un voyage d’une trentaine de kilomètres, difficilement accessible. Ton intuition, moi j’appelle ça un GPS tout simplement, mais bref : figurez-vous que les zanciensbâtisseurs ont, là aussi, laisser traîner leurs vieux trucs !

C’est un site archéologique précolombien, un abri sous roche aménagé, qui les intéresse puisqu’entre autres constructions faites à l’aide de cailloux moches pas bien taillés :

« Un autre mur de pierres à l’extérieur laisse penser à une sorte de bergerie »

Ah, apparemment ils sont experts en bergerie, maintenant. Allez savoir ce qui les conduit à penser que ce truc était une bergerie, on en sait rien : assertion gratuite.

bam12.PNG

… il y a aussi d’autres roches, bien mieux taillées et polies.

bam1314.jpg

Et comme ils se sont mis en tête d’appliquer partout leur équation débile de « pierre jolie bien taillée / pierre moche mal taillée = deux époques différentes donc ALIENS§§§ », eh bien ils en tirent là encore la conclusion absurde que ça ne peut QUE avoir été fait par deux civilisations différentes.

« Ici encore, l’impression de se trouver devant deux époques de construction est flagrante ! »

bam15.JPG

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Mais elles se basent sur QUOI, vos impressions ?! C’est complètement absurde, vous n’avez aucune méthodologie, vous n’étudiez que dalle, vous ne vous renseignez pas sur le site que vous visitez, tout ce que vous faites c’est vous planter devant un tas de pierre et raconter ce que ça vous inspire ! Comment voulez-vous être pris au sérieux en vous comportant comme des touristes attardés ?!

Quelles preuves avez-vous que ces dernières images montrent des constructions qui ont été réalisées APRES les précédentes, taillées dans la pierre au lieu d’être maçonnées ? Vous n’en savez rien ! Et je suppose que même si je vous mettais une datation sous le pif, on aurait encore droit à la rengaine du « on peut pas dater la pierre » ?!

Qu’est-ce qui vous démontre de manière irréfutable que ces niches de pierre n’ont pas été réalisées par le même peuple à la même époque ?

Pas le temps de niaiser, la Recherche Indépendante est toujours dans le vent, ils ne disent absolument rien. On quitte l’Amérique du sud, et à la prochaine !

 

Ah, le compteur!

Sophismes : 6 +2

Mensonges : 11 + 6

Assertions : 3 +6

Victimisations : 2

Dénigrements: 2 + 1

Méthodologie foireuse: +5

 

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Ou même ici: @LeeSapeur

 

Mes remerciements à R. Bousson pour ses précisions.

 

Bibliographie :

Nicholas Tripcevich, Kevin J. Vaughn, Mining and Quarrying in the Ancient Andes: Sociopolitical, Economic, and Symbolic Dimensions, Springer Science & Business Media, 2012

Arthur Posnansky, Le passé préhistorique du Grand Pérou, Universidad Mayor de son Andrés, Bolivia.

Vania González-Tello, Symbolisme et mythologie dans l’art précolombien du Pérou

Henri STIERLIN, Une nouvelle hypothèse sur les tracés géants du désert de Nazca, Pérou

Janusek, J., P. R. Williams, M. Golitko, and C. Lemuz, Building Taypikala: Telluric Transformationsin the Lithic Production of Tiwanaku, 2012

 

16 réflexions au sujet de « Bâtisseurs de l’Ancien Monde, épisode III »

  1. Bravo pour ce super boulot ! J’attendais impatiemment la suite.
    J’ai l’impression qu’avec Sylvie et ses sinistres émules, on assiste à un retour de la stupidité militante, du genre « mon ignorance et mes impressions subjectives sont meilleures que vos recherches ». ça fout un peu les jetons…
    Heureusement qu’il y a des gens comme vous pour nettoyer cette merde.

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    1. Les géopolymères ne marchent pas dans ce cas-là. J’en ai déjà parlé ici : https://sci-entos.com/2021/06/26/debex6/
      La pierre obtenue n’a pas du tout la même composition que la pierre naturelle, et ce processus ridiculement compliqué nécessite une infrastructure dont on aurait obligatoirement retrouvé les traces, ce qui n’est pas le cas. C’est bien plus simple et rapide de faire faire le travail à des ouvriers qualifiés habitués à tailler la pierre.

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    1. Il n’y a pas grand-chose à dire, ce sont les mêmes âneries qu’on a déjà pu entendre dans BAM et consorts, qui érigent en exploits ce qui reste un travail de carrier et de sculpteur bête et méchant.

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  2. Répondez simplement à cette question… » Les simples touristes que nous sommes?  » Que vous inspire le disque de Sabu ? » Vous y voyez un vase, une coupe à fruit, un objet sculpté avec des outils en cuivre ou un percuteur en pierre dure?
    J’aimerais vous entendre argumenter avec votre arrogance Habituelle , nous aimons vos versions romancées , toutes ces absurdités à propos des Pyramides elles mêmes .

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  3. Un responsable des antiquité au Louvre qui évite la question en répondant sur le contenu du vase qu’on lui présente et non sur le contenant pose un véritable problème… « Une véritable production industrielle »… C’est cela qui fout les jetons! Il en est de mème pour les Pyramides, ce à quoi elles renvoient? A moins que l’on préfère la version romancée de l’Archéologie officielle ,( un simple tas astucieusement élaboré moellons après moellons?)

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  4. Vous parlez de méthodologie ??? Pensez vous qu’il faille un régiment d’abrutis pour observer que ce disque de Sabu pose d’emblée un véritable problème? … Et je ne prends que cet exemple affin d’éviter de me perdre moi même en conjecture… Ce ne sont pas les exemples qui manquent, il n’y a que des abrutis pour ne pas les voire, le continent Indien en est farci, mais là encore , on y met surtout pas les pieds?
    Je vous renvois donc a votre collection de burins cuivrés et vos romantiques représentations, parce qu’elles nous laissent un gout amère, c’est effectivement très bon pour le tourisme, mais ne perdez jamais de vue , que c’est le tourisme que vous entretenez et organisez. Mes sincères salutations Monsieur.

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  5. Le bol de Sabu:
    La tombe de Sabou a été découverte le 19 janvier 1936 par l’archéologue britannique Walter Bryan Emery. C’est un tombeau en mastaba, composé de sept chambres. C’est dans la salle E, qui est la chambre centrale, qu’a été trouvé le disque de Sabou, lui-même occupant une place centrale, juste à côté du squelette de Sabou, qui devait se trouver à l’intérieur d’un cercueil en bois3. L’objet de schiste, qui était brisé en plusieurs fragments4, a été par la suite restauré. Il est conservé sous le numéro d’inventaire JE 71295 dans une vitrine de la salle 43 du Musée égyptien du Caire1. On peut en voir une copie au pavillon d’Orient du Jungfrau Park fondé par Erich von Däniken5.

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