Bâtisseurs de l’Ancien Monde, épisode II

Nous disions ?

Après nous avoir gratifiés d’une bonne dizaine d’erreurs variées dans le premier épisode à propos de l’île de Pâques, on va donc leur emboîter le pas au Pérou ! Exit Cuzco, cette fois, c’est la ville de Caral Supé : « la vie était bien différente sur la côte pacifique du Pérou et la civilisation existait ici depuis bien longtemps, comme en témoigne l’immensité de Caral Supé, la plus ancienne cité américaine à ce jour », ce qui est vrai. Mais comme vous le savez depuis LRDP, quand Patrice-la-Science et son équipe de vainqueurs font par miracle une exception à la règle pour dire quelque chose qui est vrai, c’est pour retomber dans leur vieux travers tout de suite après.

18:50 « Cette gigantesque cité mère serait donc contemporaine des pyramides de Gizeh si l’on s’en tient à la datation commune »

Hein ?

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– Ma, qu’est-ce qu’il y a jefe, ça aussi c’est vrai !

Oui, non mais, bien sûr que c’est vrai, encore qu’au lieu de proférer un vague « trois mille ans », elle aurait pu se donner la peine de préciser qu’on parle de -2600 avant J.-C., mais oui, c’est vrai. Ce qui m’interpelle ici, c’est le rapport avec les pyramides de Gizeh ? Bon, je dis ça mais c’est purement rhétorique, en réalité je devine tout de suite que c’est encore leur baratin incohérent sur le rapport entre les pyramides égyptiennes de Gizeh tellement-pas-possible-a-construire-avecs-cailloux et celles d’Amérique pas encore latine, mais ça n’a toujours aucun sens !

Pourquoi les pyramides de Gizeh sont une référence ?!

A ce compte-là, la ville de Caral Supé est contemporaine d’un paquet d’autres trucs sur la Terre à cette période, à commencer par la ville d’Ur en Mésopotamie (vous savez, les mecs qui se baladent en peaux de bêtes, tout ça ), dont la brillante civilisation sumérienne dominait déjà tout l’Irak actuel, et depuis presque un millénaire, en plus. Ce serait une comparaison d’autant plus pertinente comparé à une bête pyramide que Caral Supé a visiblement joué grossièrement le même rôle que ces premières cités orientales : c’est-à-dire le stade où le développement général du Néolithique a permis une augmentation substantielle de la population et la naissance de hiérarchie politique, et donc la création des premières cités !

19:01 «  Elle a posé un énorme problème à ceux qui l’ont étudié car on n’a retrouvé ni fortifications ni arme défensive et on a dû se rendre à l’évidence de la possibilité d’une chose incroyable cette cité avait vécu en paix durant plus de mille ans en coopération commerciale avec ses voisins »

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Woâââh, mais dis donc, ça serait pas un modèle de paix et de vertu du coup, cette civilisation ?

Oui, à un détail près : l’absence de fortifications ou « d’armes défensives » (ne me demandez pas ce qu’ils entendent par là, ça ne veut rien dire) n’est absolument pas une exception en Amérique du Sud, c’est la généralité.

On sait peu de choses sur les pratiques guerrières sur ce continent avant l’arrivée des Européens, en particulier sur l’usage qu’ils faisaient de la poliorcétique, mais ils n’ont visiblement JAMAIS pratiqué la guerre de siège à l’européenne : tout d’abord parce qu’en l’absence de métallurgie du fer (et donc de l’acier) , de la ROUE et également d’animaux de trait, on limite très vite tout développement de technologie militaire et en l’occurrence, ça interdit purement et simplement les armes de siège !

D’ailleurs, de manière générale la métallurgie n’était pratiquée sur ce continent qu’avec le cuivre la plupart du temps, et ce pour la fabrication d’objets ornementaux, même pas d’armes.

Et en plus de ça, assiéger les villes n’était pas dans leurs façons de faire puisque les rares témoignages sur le sujet pour la période précédant l’arrivée des Européens ne décrivent que des batailles rangées livrées en plaine, à la suite desquelles ont poursuivait le perdant directement dans sa ville. Ce qui expliquerait d’ailleurs pourquoi aucune cité précolombienne ne dispose de murailles, qu’il s’agisse des Incas, des Mayas ou des Aztèques !

En fait, hormis quelques rares temples emmuraillés ici et là, les seuls semblants de fortifications qu’on y trouve sont des constructions occasionnelles qu’on appelle Pucarà, qui sont édifiées à des endroits stratégiques sur les frontières de l’empire inca et qui jouent grosso modo le même rôle qu’ont joué en Europe les mottes médiévales précédant les châteaux forts ; ainsi que des forteresses comme celles d’Ollantaytambo, de Sacsayhuamán ou de Quitoloma, qui sont des cas exceptionnels et qui n’étaient pas conçues pour protéger la ville qu’elles jouxtaient.

Bref, tout ça pour dire que les Précolombiens n’ont jamais été un modèle de vertu, et qu’ils avaient eux aussi l’habitude de régler leurs différends à coups de lance et de masse dans la gueule, les conquistadors européens ne leur ont rien appris sur ce point. Et donc ça n’a posé « un énorme problème » à personne et cette absence d’infrastructures militaires n’a rien d’incroyable.

Le temps de préciser que la cité de Caral Supé est bâtie en « petits blocs de pierre liés par un ciment argileux » (oui, ça n’a servi qu’à ça de montrer Caral Supé), et on file au Machu Picchu !

20:10 « Découverte en 1911 à une époque où en Europe on considérait encore les incas comme des sauvages »

Mais… vous sentez cette odeur ? Oui, ça sent le mensonge. Loin de moi l’idée de remettre en cause cette assertion complètement gratuite, mais juste au cas où : Sergio, fais voir la biblio sur le sujet pré-1911, qu’on rigole ?

2caa106906a472bdfafa745549c4c325–  Si si jefe, alors voilà, j’ai ça, un numéro de Bulletins et Mémoires de la Société d’Anthropologie de Paris daté de 1867 traitant de la trépanation chez les Incas, et cet article de Charles W. Mead daté de 1903, qui publiait une étude des instruments de musiques chez les Incas dans l’American Museum Journal, ou encore cette autre publication de 1906 sur les études anthropologiques menées dans la région de l’Equateur qui en parle, ou bien ceci en 1908, ça parle de la découverte de la ville de Choquéquirao au Pérou, et puis ça et encore ça

Merci Sergio, ça va aller là, inutile de rajouter un clou de plus au cercueil de leur crédibilité. Donc, on les considérait tellement comme des sauvages qu’on y consacrait des rayons entiers de publications scientifiques consacrées à leur civilisation. C’est marrant, moi ça m’a pris trente secondes de trouver ces références, mais bon, excusezs, ils n’avaient que huit ans pour faire le film !

« Elle possède un niveau technique impressionnant »

Visiblement, la notion de « niveau technique », pour la Recherche Indépendante, c’est un genre de jauge qu’on remplit à la va-comme-je-te-pousse en fonction du degré de complexitude de ce que vous avez sous le pif, ou plutôt de ce que vous en comprenez.
Moi, ça me fait penser à ça :

Mais passons : Sylvie est très occupée à s’extasier sur les énôôôrmes blocs d’andésite avec lesquels est construit le site de Machu Picchu.

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Les blocs sont assemblés avec précision, sans joints entre eux, la roche c’est très très dur, etc. etc., œufs, tomates, oignons, on connaît la chanson, c’était déjà dans LRDP ! Oh là là, mais comment ont-ils fait pour amener jusqu’ici toute cette roche si lourde !

Bon alors, je vais vous faire un topo rapide sur le sujet, parce qu’autant le faire tout de suite vu qu’ils y reviennent plusieurs fois dans le film.

Premièrement, l’architecture chez les Incas, c’est très varié. Il y a bien sûr d’énormes constructions en blocs monolithiques très lourds et très bien taillés, ceux sur lesquels les chercheurs de véritude s’extasient :

Sauf que ces constructions-là sont des exceptions et ne représentent qu’une fraction de tous les bâtiments attribués aux Incas. La plupart du temps, les vestiges qui nous restent d’eux, c’est ça :

Ou encore ça :

Ce qui est déjà nettement moins impressionnant.

Deuxièmement, l’architecture inca est certes très impressionnante, mais elle n’a rien d’un mystère. On sait parfaitement bien d’où viennent les pierres qui ont été extraites pour construire les sites dont on parle ici. Pour Ollantaytambo par exemple, ce sont entre autres les carrières de Qachikhata :

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Qui sont pleines de traces d’artisanat de la pierre et de bancs d’andésite laissés en cours d’exploitation, voire même de blocs qui avaient commencé à être acheminés jusqu’à leur destination et qui ont été abandonnés en cours de route :

Et puisqu’on parle là du transport, je rappelle là aussi qu’on a déjà expérimenté et vérifié que, oui, déplacer des blocs de plusieurs tonnes sans grue moderne, c’est parfaitement faisable, même si ça reste un travail épuisant et pénible sur une pente :

Et la taille n’a rien d’un exploit non plus. Je ne saurais trop rappeler que quand vous êtes tailleur de pierre, plus la roche sur laquelle vous bossez est résistante et mieux c’est, vu qu’elle sera infiniment plus facile à tailler et surtout à éroder et polir quand vous voudrez la lisser et sculpter des détails ; contrairement à une roche moins dure qui va partir en cacahuète au moindre coup de burin de travers, se fracturer trop facilement et ruiner tout le boulot du carrier.

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D’ailleurs, on a retrouvé bon nombre de percuteurs, de polissoirs et de marteaux en pierre utilisés par les ouvriers incas :

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Et l’archéologie expérimentale étant passé par là, notamment via les travaux de l’archéologue suisse Jean-Pierre Protzen, on a réitéré l’expérience :

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Suite à quoi on a constaté que ce travail nique les mains, mais qu’il parvient au même résultat que les vestiges authentiques des Incas ! D’ailleurs, j’en profite pour faire remarquer que comme on utilise ici grosso modo les mêmes techniques qu’en Egypte pour fracturer et polir la roche, on y retrouve aussi les mêmes « scoupemawkes de sorbetière » sur lesquelles l’autre abruti de Planète RAW organise son petit business du formidable :

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Troisièmement, les murs incas eux-mêmes. S’ils présentent cet aspect-là :

… c’est, on s’en doute, parce que c’est la meilleure manière de faire en sorte que les blocs d’un même mur adhèrent ensemble et ne puissent bouger, en dépit de l’activité sismique soutenue de cette région du monde !

Parce que dans le cas contraire, avec des murs montés en assises de pierre bien rectiligne, eh bien ça donne ça :

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La méthode rend le montage du mur plus difficile ; mais ça évite d’avoir à le remonter tous les ans après chaque tremblement de terre.

Seulement, tout épatants que ces murs soient, ce que la bande de gros faux-culs derrière BAM se garde bien de vous montrer, c’est leur structure intérieure, qui n’a plus rien du tout de mégalithique et de super bien taillé !

Comme vous pouvez le voir sur ces photos, en réalité ces murs ne forment qu’une façade qui ne fait que cacher et maintenir en place toute la masse intérieure du mur, qui n’est constituée que d’un remblais dégueulasse de terre, de graviers, de gravats ou de blocs mal taillés (oui, comme dans la pyramide de Khéops, parce que là encore ce qui prime c’est l’économie de moyens).

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Donc finalement, ces blocs monolithiques si précisément taillés que l’on peut voir ne sont en fait que la face dudit bloc que les tailleurs incas se sont donnés la peine de tailler finement pour qu’ils s’emboîtent sans mortier, du moins en apparence.

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Dès qu’on regarde à l’intérieur du mur, on s’aperçoit qu’aucun bloc n’est taillé aussi finement sur toutes ses faces et que contrairement à ce qu’on peut penser au début, du mortier, il y en a !

Bon, en tout cas, même si l’indécente quantité de fric que ces enfoirés ont réussi à lever n’a visiblement pas permis de faire une recherche sur Google, ils parviennent en revanche à continuer d’enfoncer des portes ouvertes, tout en déguisant ça en « révélations ». Rendez-vous compte, ils ont fini par remarquer que la forteresse n’est pas faite comme les maisons ordinaires : « On ne travaillerait donc pas de la même manière ce qui est destiné aux rituels que les habitations » (21 :27). J’avoue, l’info a failli me faire dresser les cheveux sur la tête tellement elle est choquante, et puis ça n’a certainement rien à voir avec le fait que les bâtiments sacrés et profanes n’ont ni la même quantité de main-d’œuvre, ni la même utilité, ni la même longévité, et évidemment pas les mêmes moyens attribués à leur construction, hein ?

21:33 « Ce que je veux bien admettre mais alors, comment expliquer ces murs mixtes ? »

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« On pense à des réparations ultérieures et la question se pose alors de savoir pourquoi ça n’a pas été réparée à l’identique »

Mais ?!?? D’où elle sort, ta réparation ? Vous avez une preuve de ça ? Pourquoi ça en serait une, le fait que le mur aie été pensé comme ça dès l’origine, c’est même pas une option chez vous ?

Vous appliquez le même raisonnement débile à toutes les baraques que vous croisez dont la structure n’est pas rigoureusement la même des fondations jusqu’à la cheminée ?!

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21:41 « On voit nettement que la technique d’assemblage de gros blocs est plus ancienne que celle de petits blocs. Pourquoi ? Tout simplement parce que les petits sont au-dessus des gros»

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AAAAAH, mais arrêtez deux secondes de raconter de la merde ! C’est une méthode de datation ça maintenant, « les p’tits sont au-dessus des gros » ? C’est stupide à s’en cogner la tête contre les murs !

Ça n’a rien à voir avec un rapport d’ancienneté entre les constructions bon sang, si on construit toujours la base des murs en plus gros blocs que ceux qui viennent ensuite, c’est parce que dans le cas contraire c’est le meilleur moyen pour que la bicoque vous tombe sur la gueule dans les heures qui suivent !

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C’est le B-A-BA de l’architecture ! Mais ça aussi, c’était trop compliqué à comprendre pour vos capacités cognitives de moules cuites ?!

22:00 « Faisons quelques comparaisons qui n’ont aucun sens selon l’archéologie, car les sites qu’on va comparer se trouve séparés par des milliers de kilomètres et des milliers d’années »

Aaaah, l’autojustification avant même d’avoir argumenté, c’est toujours une valeur sûre pour se victimiser à la vitesse de la lumière quand tu sais déjà que ce que tu vas dire n’a aucun sens.

C’est le grand retour, donc, de la comparaison entre deux murs de temples de Gizeh et du Machu Picchu.

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22:38 « On explique très bien ces parallèles par le fait que confrontés aux mêmes difficultés tous les humains vont trouver les mêmes réponses »

MAIS OUIIIIII BORDEL§§§

Comment veux-tu qu’il en soit autrement, bougre de gourde ? Je l’ai déjà dit mais là encore, ça revient à pousser les hauts cris parce que les Aztèques et les Chinois ont eu tous les deux l’idée révolutionnaire de faire cuire des formes en argile cuite pour fabriquer des récipients en céramique ! Y’a forcément une ligne directe qui existait entre les deux peuples, c’est pas possible autrement ?!

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Comment voulez-vous que deux peuples séparés par des milliers de kilomètres aient la même idée révolutionnairement technologique de laisser cuire de la glaise au soleil et de s’apercevoir que ça fait de la terre cuite, soyons sérieux.

« Que nous apprennent les symétries ? Tout simplement qu’on n’assemble pas au hasard les blocs, et qu’au besoin on les retaille »

Mais évidemment qu’on n’assemble pas au hasard ! En quoi c’est une révélation, ça ? Pour construire la tour Montparnasse, tu t’imagines qu’on a amené des bétonnières et qu’on a laissé les chefs de chantier se démerder tout seul ?!

« Retenez donc la logique particulière : on commence par assembler des constructions ultra résistantes avec des blocs massif, et au fur et à mesure quand on se perfectionne on ferait de moins en moins résistant, avec des blocs de la taille de briques. Vive le progrès ! »

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Ah la vache, mais ils me donnent mal au crâne à force d’être cons.

Bon alors, rien de plus à dire sur cette citation vu qu’il s’agit du même raisonnement idiot qu’il y a trente secondes. Je vais juste récapituler qu’ici, d’une ils partent du principe qu’il y a eu réparation (chose qui est possible dans l’absolu mais qu’ils ne justifient ni n’argumentent absolument pas), de deux qu’ils n’envisagent jamais que le mur aie été conçu comme ça dès le départ, et de trois qu’il y a eu un décalage de temps énorme entre l’assemblage de la base du mur et celle de son sommet.

C’est d’autant plus stupide que tout ça n’a pour but que de justifier, même de manière ultra bancale, leur sous-entendu merdeux selon lequel les anciens incas avaient accès à un savoir technologique très profond pour transporter les gros cailloux et gnégnégnégnégné, et qu’ils l’ont perdu, et que donc, comme les anciens sont tous de gros primates dès qu’il n’y a pas un alien dans le coin pour leur expliquer comment faire du feu, eh bien ils n’ont plus construit qu’avec des petits cailloux. Ce qui implique donc que les bâtiments en question ont été construits sur des décennies ou même des siècles, et qu’en attendant, euh, ils dormaient dehors ?

Et zou, en avant pour Sacsayhuamán ! Blablabla, on a droit aux mêmes hauts cris sur les blocs qui font soixante tonnes (moi j’aurais dit trois milliards mais bon, ils sont pas joueurs), trop bien taillés, trop bien assemblés, trop bien tout parce que haha, sans grue Lafarge tu soulève que dalle, c’est bien connu. On se reportera à ce que j’ai expliqué plus haut : tailler, transporter et assembler ces blocs de pierre, c’est chiant à faire, mais ça n’est PAS impossible.

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24:15 « Quelle est la raison d’être d’une telle forteresse ? Trois murailles de cette envergure alors qu’on trouve des normes points de faiblesse militairement parlant »

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Des… « points de faiblesse » ? De quoi, une PORTE ? Et on fait comment pour rentrer si on le comble, ton point faible ? On saute par-dessus la muraille ?

Remarquez, si ça se trouve l’image qu’ils montrent au moment où elle prononce cette phrase n’a rien à voir avec ça, mais vu qu’ils n’arrêtent pas de proférer stupidités sur stupidités sans jamais rentrer dans le détail, allez faire la différence. En tout cas, Sylvie, visiblement promue experte militaire, affirme qu’il y a des « points de faiblesse » dans la forteresse de Sacsayhuamán, et si vous voulez savoir lesquels, eh bien allez vous faire cuire un œuf, voilà.

« Si c’est une protection symbolique ils ont poussé loin le symbolisme »

Jugement gratuit et complètement hasardeux. On y est habitués avec eux, on va simplement le rajouter sur le tas avec les autres : depuis LRDP, c’est une constante chez l’équipe de LRDP d’écarter d’un revers de la main toute construction à caractère symbolique ou religieux, sous le prétexte absolument IM-PA-RABLE que « non mais les archéologues ils expliquent tout par la fonction religieuse ».

Ensuite, rebelote avec les débilités précédentes sur les murs anciens, trop gros, trop lourds, trop tout, comparés aux réparations en petits cailloux, qui sont ultérieures (ils en sont sûrs en tout cas, même s’ils ne le prouvent jamais). Puis même chose à Ollantaytambo, où ils s’appliquent rageusement à répéter les mêmes conneries sur EL FAMOSO SAVOIR ANCIEN® disparu parmi les étoâââââles et suite à quoi les Incas n’ont pu que combler les trous et faire les réparations d’usage qu’avec du gravier ramassé par terre :

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Mais Sylvie, c’est une têtue, et quand elle a un truc en tête, eh bien bon courage pour l’en faire décrocher : elle continue sa fixette sur les gros blocs, allons c’est forcément les …

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Vous trouvez ça long ? Je vous garantis que ça l’est encore plus en vrai.

25:21 « Mais si ce sont bien les mêmes bâtisseurs alors ils ont perdu en route leur savoir-faire car pour des raisons inconnues ils ont été incapables de terminer ou de réparer à l’identique »

MAIS PXIBRDXHQZNDIXHQZDUQZXGDHW

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< Jefe, calmez-vous ! Mais lâchez cette hache d’incendie, enfin !

4e fois qu’elle le répète en plus : BAM, ça n’est pas seulement un cas d’école de misère intellectuelle, c’est aussi un exemple de remplissage de vide avec encore plus de vide.

Bref, on n’a pas encore fini de profaner l’Amérique du sud ! Direction, Tiwanaku, appelée aussi Tiahuanaco. C’est dans l’ouest de la Bolivie, au bord du lac Titicaca, et outre des cars entiers de touristes puant la sueur et la crème solaire, on y trouve la « Cité du Soleil », qui est un des plus importants sites archéologiques de la région. C’est un endroit où est apparue une des nombreuses civilisations précolombiennes ayant précédé les Incas longtemps avant leur suprématie sur la région.

Il reste peu de choses de ce peuple, mais à Tiwanaku, on a mis au jour les vestiges d’un grand ensemble à vocation cérémonielle, probablement destiné au culte de Viracocha, que les Incas ont vénéré aussi en leur temps. Ça comprend une pyramide, un temple, des enceintes sacrées et des portes, le tout construit en blocs de pierres particulièrement monumentaux, ce qui quel que soit le continent a le don d’attirer les imbéciles comme le miel attire les guêpes.

Mais le site archéologique, Sylvie, elle s’en tamponne. Elle est plutôt occupée à se plaindre que « Sauf que rien de tout ça n’est authentique. Il s’agit d’une reconstruction due à la vision d’un archéologue […] personne ne vous préviens sur le site, il n’y a même pas une plaque qui vous en avertit ; il passe donc pour authentique » (26:42)

Ah oui ? Eh bien, on va vérifier ça immédiatement, dans le cadre de notre grande rubrique du :

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Allez, je vais tenter sous vos yeux ébobis de reconstituer l’expérience vécue en direct par nos intrépides chercheurs de véritance. Je suis donc dans la peau d’un escroc avec encore moins de neurones que de poils sur le caillou, je voyage en Bolivie :

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Allons-y gaiement, je marche le long de la voie d’accès au site de Tiwanaku :

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Oh tiens, un énorme panneau explicatif à destination des touristes ! Deux, même. L’un qui dit « Piramide de Akapana, Reconstruccion ideal de piramide de akapana, Javier Escalante M. », et l’autre qui stipule que « Prohibido fotografiar, filmar las excavaciones actuales del area arqueologica »

Ces crétins ne parlaient visiblement pas l’espagnol, mais moi si, et dans la langue de Cervantès, ça veut dire

« Pyramide d’Akapana
Reconstruction idéalisée de la pyramide d’Akapana,
par Mr. Javier Escalante 
» et « Il est formellement interdit de photographier et filmer les excavations du site archéologique », une règle avec laquelle ils se torchent soit dit en passant.

Le tout inscrit sur un énorme panneau de deux mètres de large qu’il est matériellement impossible de rater quand vous arrivez sur le site !

Allez, un autre mensonge sur le tas.

27:10  « Mais par chance cet archéologue créatif n’avait pas jugé utile de s’intéresser au site de Puma Punku à un kilomètre de là »

L’archéologue créatif, on n’en sait rien, mais vous auriez là encore pu vous donner la peine d’arrêter de mentir par omission et de chercher un peu. Vous vous seriez aperçu que la recherche s’est déjà intéressée à ce site archéologique.

Ou encore ainsi.

27:22 « Ces bâtisseurs seraient des pré incas donc avant les incas et il aurait bâti tout ceci »

Le temps d’une petite blagounette sur les «chamans pré-incas » qui pouvaient casser des dalles de plusieurs dizaines de tonnes et oh là là, fallait pas les énerver, hein, dis-donc.

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27:54 « J’ai demandé au géologue Érik Gonthier de m’accompagner pour avoir son avis sur les moyens techniques employées »

STOP.

Erik Gonthier, c’est le coui… le géologue qui les accompagne un peu partout depuis LRDP, et dont je ne cesse de me demander s’il est conscient de ce qu’il fait, auquel cas je me demande comment un malade pareil peut accéder à un tel poste au musée de l’Homme à Paris, ou bien s’il est complètement à la masse et qu’il n’a jamais compris ce dans quoi on le faisait tourner, auquel cas c’est la plus grosse truffe de la galaxie.

A part ça, vous pouvez me dire quel est l’intérêt de demander à un GÉOLOGUE ce qu’il pense des « moyens techniques » employés par des peuples du passé dans leur architecture ?

J’innoves pas, je sais. Mais c’est toujours aussi atrocement débile comme façon de penser et ça n’a pas changé d’un seul poil depuis LRDP : ils se posent un certain nombre de questions, et pour y apporter des réponses, ils ne demandent jamais à ceux qui pourraient réellement le faire, hormis les rares exceptions où ils interrogent des mecs qui sont déjà sur la même longueur d’ondes qu’eux. Le reste du temps, ils ne font que demander leur avis à des gens qui passent très bien à l’écran parce qu’on les décrète « spécialiste », sauf qu’ils sont spécialistes d’un sujet qui n’a rien a voir avec ce dont ils sont en train de parler, et donc quand ils avouent leur ignorance, genre là :

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… eh bien ça permet de faire un raccourci bien foireux comme eux seuls savent le faire : « Eux spécialistes, eux pas savoir alors que eux spécialistes, donc personne savoir, donc ANCIEN BÂTISSEURS® ».

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En l’occurrence donc, ils posent une question d’archéologie à un type qui n’y connaît que dalle.

De temps en temps, il lui arrive pourtant de dire quelque chose de vrai, par exemple : « Éric a insisté sur le fait qu’il ne fallait surtout pas sous-estimer la capacité humaine »

Ô joie, ô félicité, enfin un atome de bon sens dans cet océan de quotient intellectuel négatif !

Mais…. Attendez ?

28:35 « Parce qu’il faut que vous sachiez que dès que vous osez remettre en cause la version académique, on vous soupçonne aussitôt de croire que tout ça aurait été bâti par des extraterrestres. C’est ça ce que signifie ne pas sous-estimer la capacité humaine »

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« C’est laisser entendre qu’on attende nécessairement une réponse extraterrestre à la résolution du problème des outils. Mais pour tout vous dire bien que je ne m’explique pas les méthodes je n’ai pas l’impression de me trouver face à des constructions réalisées par la technologie d’être capable de traverser l’univers »

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Bah non, ça ferait vulgaire ! Là encore, ils sont désespérément là où on les attends, empressés de se justifier à toute vitesse pour rattraper leur propre propos, ayant conscience –même eux- que s’ils invoquaient tout de suite l’intervention de martiens, ça suiciderait le film dans la minute et en particulier l’image ronflante de « recherche indépendante » qu’ils essaient de coller dessus.

Sauf que l’intégralité de LRDP est tourné de façon à suggérer l’existence passée d’une civilisation de bâtisseurs/aliens/etc. et que sur l’affiche de BAM, c’est carrément marqué dessus !

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Bref, une mauvaise foi écœurante et une tentative de se couvrir, là encore de l’autojustification, pour se défendre d’être un ufologue. Sauf que ça ne change rien.

On va continuer le massacre à marche forcée, je vous le garantis. A la prochaine!

Le compteur?

Sophismes : 3 + 3
Mensonges : 7 + 4
Assertions : + 3
Victimisations : +2
Dénigrements: 1 + 1

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Ou même ici: @LeeSapeur

Mes remerciements à R. Bousson pour sa FAQ particulièrement utile.

Bibliographie :

Sergio Mamani Roque Ruben, Arqueologia experimental: un acercamiento a los procesos de manufactura para la elaboracion de los sillares de la piramide de Akapana, Tiwanaku (400 al 1100 d.C.), La Paz, 2017.

C. Cuadra, Vulnerability of Machu Picchu citadel 100 years after its scientific discovery, Akita Prefectural University, Japan

Kenneth Scott Lohr, Restoring and Preserving the Incan Cultural Wonder of Saqsaywaman, 2014

Susan A. Niles, The Journal of the Society of Architectural Historians, No. 3, 1987.

Vincent R. Lee, The building of Sacsahuaman, 1987.

Jean-Pierre PROTZEN, Inca Quarrying and Stonecutting, University of California, Berkeley, 1975.

Jorge Alva, BI-DIMENSIONAL DYNAMIC ANALYSIS OF SEISMIC AMPLIFICATION IN THE ARCHAEOLOGICAL PARK OF SACSAYHUAMAN – CUSCO, 2016

3 réflexions au sujet de « Bâtisseurs de l’Ancien Monde, épisode II »

  1. Bonjour, merci pour l’article, juste dommage pour le ton employé, et les insultes genre « enfoiré » ! J’attend avec impatience le debunk partie astronomique, … Merci

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  2. Bonjour, merci pour ces debunks que je commence tout juste. BAM est sur Prime et j’ai été attirée en pensant que c’était un docu sur l’architecture et les techniques dans l’antiquité… Bon j’ai vite compris qu’il y avait un hic même si j’ai des connaissances relativement minces sur le sujet, la narration est tellement étrange avec ses phrases qui ne veulent souvent rien dire et des questions absurdes lancées en l’air où on a juste envie de répondre « oui et ? », tout ça a un côté très nébuleux, j’ai pas compris ce qu’on était sensé comprendre… et à la fin quand la voix off nous énumère tout un tas de trucs et lance un « réveillez-vous ! », j’ai éclaté de rire et je me suis dit « bon faut que je trouve des explications et que je démêle le vrai du faux parce que c’est le bordel ».
    Après j’ai pas eu votre niveau d’agacement en regardant (je connais pas les gens derrière, ni le 1er opus et j’ai pas assez de connaissances), mais je dois dire que plus je vous lis, plus je comprends votre position et je suis bien contente d’en apprendre vraiment plus sur le sujet qui m’intéressait à la base grâce à vos éclaircissements et les sources en lien.

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